Au bord de l’étang (Paul Verlaine, Claude Debussy)
Overview
Reviews 0
Paul Verlaine (1844-1896), « Promenade sentimentale », troisième poème des « Paysages tristes », Poèmes saturniens, 1866.
Claude Debussy (1862-1918), Suite bergamasque, CD 082a - III. « Clair de lune », vers 1890. [François-Joël Thiollier, piano]

Parus en 1866, les Poèmes saturniens sont le premier recueil publié par Paul Verlaine. Le poète, alors âgé de vingt-deux ans, présente une série de textes encore sujets aux influences de ses prédécesseurs (comme Charles Baudelaire) mais contenant déjà les fondements de sa propre poésie, un univers sonore axé sur la musicalité naturelle de la langue.
Aux abords de l’étang du secteur des rocailles du Jardin botanique, parsemé de nymphéas et de roseaux, nous allons entendre « Promenade sentimentale », poème faisant partie de la série des « Paysages tristes ». Marchant au bord d’un étang aux dernières lueurs du jour, le poète chante sa mélancolie, état lancinant de profonde tristesse, de découragement et d’ennui qui inspira de nombreux auteurs du XIXe siècle. Le paysage extérieur devient le reflet de l’âme du poète qui exprime son mal-être au travers des éléments de la nature. Jouant de la répétition – écho obsédant de la structure des vers mais aussi des mots –, Verlaine nous attire avec lui dans cet état mélancolique.
Le poète inspira de nombreux compositeurs, qui mirent en musique ses textes tels Gabriel Fauré ou Claude Debussy. C’est sur un thème de ce dernier que nous allons écouter « Promenade sentimentale ». Il s’agit du troisième mouvement de la Suite bergamasque intitulé « Clair de lune ». Le titre fait référence au poème éponyme de Verlaine. Ecrite vers 1890, cette musique douce et lancinante est l’une des plus fameuses de Debussy. Compositeur novateur, il tirait son inspiration de la peinture, de la poésie et du contact direct avec la nature.

PROMENADE SENTIMENTALE

Le couchant dardait ses rayons suprêmes
Et le vent berçait les nénuphars blêmes ;
Les grands nénuphars, entre les roseaux
Tristement luisaient sur les calmes eaux.
Moi j’errais tout seul, promenant ma plaie
Au long de l’étang, parmi la saulaie
Où la brume vague évoquait un grand
Fantôme laiteux se désespérant
Et pleurant avec la voix des sarcelles
Qui se rappelaient en battant des ailes
Parmi la saulaie où j’errais tout seul
Promenant ma plaie ; et l’épais linceul
Des ténèbres vint noyer les suprêmes
Rayons du couchant dans ces ondes blêmes
Et des nénuphars, parmi les roseaux,
Des grands nénuphars sur les calmes eaux.

Reviews

0.0

0 comments

Provided by

Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève

Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève

Haut lieu de la science botanique par son Conservatoire, le Jardin botanique abrite aussi de magnifiques collections de plantes vivantes.

This story belongs to