Balzac
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1799 – 1850

Traité de son temps non sans ironie comme « le plus fécond de nos romanciers », craint des potaches de tous âges pour ses longues descriptions, Balzac (1799-1850) est aujourd’hui considéré comme le plus grand romancier français de tous les temps. Mieux encore, c’est lui qui a inventé le roman sous sa forme moderne, en lui donnant pour tâche première de peindre les mœurs, sans pour autant rompre avec sa dimension proprement romanesque. Il est l’auteur d’une somme monumentale qui, en 1842, prend pour titre : La Comédie humaine, inachevée à sa mort en 1850. Balzac fut aussi une personnalité littéraire haute en couleurs, tirant parti de l’originalité de sa manière de vivre, quitte à être réduit à quelques clichés : travail nocturne, consommation excessive de café, canne merveilleuse, robe de moine, habitations excentriques. Une aubaine pour les feuilletonistes, les biographes et les caricaturistes.

Le modèle balzacien
Le roman tel que Balzac le redéfinit offre des traits facilement repérables : ambition historique affichée, importance des préparations et des descriptions avant d’en arriver au « drame », insistance sur le déterminisme des lieux et des temps. Avant même qu’on ne les voie agir, les personnages sont décryptés, selon une grille physio-psychologique, qui insiste sur leur apparence physique, et en déduit leurs traits de caractère, en faisant confiance à la physiognomonie. Ces personnages sont reliés à des types psychologiques (l’avare, l’ambitieux, la coquette, etc.), mais l’historien des mœurs que se veut Balzac s’attache à les caractériser aussi par leur inscription sociale, selon une typologie à laquelle ont recours aussi, à la même époque, les Physiologies et la « littérature panoramique » (Walter Benjamin). Côté hommes, on a ainsi l’épicier, le notaire, le médecin, l’employé, le ministre, le diplomate, etc., de même que, côté femmes, on a la grande dame, la femme comme il faut, la femme de province, la femme supérieure, la lorette, la courtisane, la portière, etc. Leur époque de rattachement importe aussi beaucoup, tant dans le cas du cousin Pons, homme-Empire fossilisé, avec son spencer d’un autre âge, que dans le cas de Lucien Chardon, dont le destin, sous la Restauration, dépend d’une ordonnance royale qui l’anoblirait. Dans cette fresque d’histoire contemporaine qu’offre La Comédie humaine, l’Empire (Le Colonel Chabert, Adieu…), la Restauration (Le Lys dans la vallée, Illusions perdues…) et la monarchie de Juillet (La Peau de chagrin, La Cousine Bette), soit donc les trois grandes époques que Balzac a lui-même vécues, sont l’objet central de l’historien des mœurs. Quelques rares récits situés à des époques antérieures (Les Proscrits, Sur Catherine de Médicis, Sarrasine…), complètent la perspective historique d’ensemble, souvent rappelée. Ce à quoi collaborent aussi, dans un autre registre, les Contes drolatiques, situés dans un Moyen Âge tardif, et écrits dans un vieux français fantaisiste.
 
Sur le plan formel, le roman balzacien présente, là aussi, des traits constants. L’action ne s’y lance qu’après un long moment introductif, mais lorsqu’elle est lancée, elle est très vive, construite sous forme de « scènes », de forte intensité dramatique. Le narrateur y est hyperprésent, et double le récit d’une constante escorte interprétative (le « code herméneutique », comme disait Roland Barthes) — avec laquelle Flaubert tiendra à rompre. Balzac penseur, Balzac idéologue, est un auteur particulièrement intrusif, jusqu’au didactisme. Mais c’est à cette condition qu’il cherche à faire du roman, non plus une simple narration, mais un dispositif analytique tous azimuts.
 

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