Au cœur des vignobles de Bergerac et Monbazillac, le promontoire de Bélingard offre un panorama sur le vallon de la Peyronnette, digne d’une perspective toscane. Il semble bien que le nom de "Bélingard", vienne de la langue celte et de la tradition orale. "beleen garten" dont la traduction serait: "le jardin du dieu Beleen ou Belin", dieu du soleil et de la guerre. Cette idée est confortée par la présence d’un rocher taillé, il y a environ 3000 ans, en forme d’autel de sacrifice.
En 1729 Belingard était la propriété de Monsieur Fourcade, procureur du roi, qui autorisa les Guilhon, les tuiliers, à prendre des pierres et du sable sur sa propriété pour l'exercice de leur profession. Le château actuel est la refondation d’un ancien édifice. En 1837 décède à Bélingard Jacques Géraud, capitaine de navire, maire de Pomport, marié à Marguerite Gontier de Biran fille de Lalande Gontier de Biran, garde du corps du roi.
Puis c'est la famille Clauzel, très honorablement connue aux Antilles et en Bordelais, originaire de Montpellier où dès la fin du XVIe siècle elle occupait un rang distingué, qui s'approprie le lieu.
Joseph Clauzel, dès les premières années du dix-huitième siècle vient se fixer en Martinique pour faire du négoce. Son fils Nicolas Sainte Claire Clauzel épouse Rose Hugonnec, proche parente de l’impératrice Josephine. De cette alliance naîtra en Martinique Joseph Rose Sainte Claire Clauzel qui rentre en France vers 1816 et décède en 1826, à l’âge de 46 ans, au domaine de Castang à Lamonzie Saint Martin. Il a épousé Manon Maloriac-Lagrange. Leur fils Jacques Rose Hyppolite Clauzel, né en Martinique en 1808, habite Bélingard. Il épouse, en 1842, Françoise Frut, née à Mouleydier. Ils ont au moins deux enfants, un garçon Emmanuel qui sera médecin à Bergerac et une fille Claire Marthe qui épousera Onésipe Bru de la Blunie. C’est leur fille Blanche qui épouse le vicomte Gabriel de Bosredon-Combrailles, dont les descendants habitent toujours aujourd’hui Bélingard. En 1901, c'est un descendant de la famille Clauzel qui séjourne à Bélingard: monsieur Chanaud de Lestang et son épouse Fanny Frétel da Costa, d'origine corse. Ils habiteront ensuite au château de Lestang à Bouniagues.
En 1946, le site de Bélingard est répertorié comme le plus important de la commune, avec 14 habitations, 14 familles soit 46 personnes y habitant.
Le 24 mai 1862, une femme a été brulée vivante, au lieu dit Bélingard: Marie Teyssandier, cultivatrice, âgée de 54 ans, épouse de Elie Séguy âgé de 53 ans, vigneron cultivateur, habitait avec sa fille Marie Seguy, âgée de 23 ans, épouse de Jacques Bordier mère de deux enfants, une maison de ce lieu dit.
Dans la matinée du 24, une demi heure après le départ de Elie Séguy, les deux femmes se rendirent à leur travaux habituels. Un peu plus tard, Marie Teyssandier revint à la maison dans l’intention de préparer son déjeuner. Sa fille, ayant terminé son travail, reprit à son tour le chemin de l’habitation paternelle un instant après. Mais quels ne furent pas sa surprise et son effroi en trouvant aussitôt la porte ouverte, la maison pleine de fumée et de feu et sa mère étendue auprès du foyer, ses vêtements tout en flammes ! Elle se hâta de la saisir et de la porter dehors. Puis pensant à ses enfants dont l’un âgé de quatre ans et l’autre de deux ans, elle se précipita à travers l’incendie et fut assez heureuse pour les arracher à une mort certaine ; car le lit était embrasé et l’ainé avait déjà le pied gauche attaqué par le feu.
Aux cris de Marie Séguy, les voisins étaient accourus et pendant que les uns éteignaient l’incendie, les autres essayaient mais inutilement de ramener Marie Teyssandier à la vie.
La victime de ce terrible évènement étant épileptique, on suppose que c’est pendant un accès de cette cruelle maladie qu’elle aura allumé le feu qui a causé sa mort.