Tout en admirant ce cloître, écoutons l’histoire de ce couvent. Nous sommes au 15ème siècle. Cosme l’Ancien de Médicis est le maître de Florence. Grand bourgeois, il gère ses richesses et gouverne la ville en sous-main. Mais désireux d’acquérir une reconnaissance intellectuelle auprès de ses pères, il se lance dans le mécénat. Il sera d’ailleurs le plus grand mécène de la dynastie des Médicis. Et par esprit de pénitence comme pour se libérer du remords de brasser autant d’argent, il décide de financer les travaux de reconstruction du couvent Saint Marc. Le monastère existe depuis le 12ème siècle ; il est alors occupé par l’ordre de Saint Sylvestre. Mais le 15ème siècle voit un renouvellement de ferveur des ordres mendiants en Toscane, depuis la mort de sainte Catherine de Sienne n 1380. Cosme l’Ancien souhaite alors faire installer le très austère ordre des Dominicains de Fiesole au Couvent Saint Marc. Et pour cela, il décide lui offrir une nouvelle demeure. Il confie cette mission à son grand ami et architecte Michelozzo. Le crédit est illimité ! Cosme l’Ancien assume même les frais du mobilier, de la bibliothèque et des livres, et de la restauration de l’église. Il financera ainsi le couvent pendant sept années ; il avait d’ailleurs ordonné à la banque de payer toute demande de fonds faite par un religieux de cet ordre. Ce mécénat laissa d’ailleurs ces traces puisque vous pourrez voir en ce lieu de grands écussons des Médicis, la représentation de leurs saints patrons et la cellule privée de retraite religieuse de Cosme l’Ancien. Mais revenons à la construction. Et prenez le temps de vous pénétrer de ce cloître et de son atmosphère paisible. Vous avez devant vous le premier cloître de type Renaissance à Florence. Tout d’abord dans son architecture. Le portique couvert sous lequel vous êtes et qui fait le tour du cloître est une véritable fenêtre ouverte sur le paradis terrestre qui est ici ce jardin central. Ouverture d’autant plus marquée et paradoxale pour un cloître ! - que celui-ci est formé d’arcs en plein cintre, c’est à dire arrondis, d’une très grande largeur, ce qui ne se faisait pas précédemment. Et ces arcs reposent sur des colonnes d’un style antique des plus épurés, caractérisant parfaitement le style de la Renaissance florentine. Une pureté étonnante d’ailleurs qui se retrouve même dans les couleurs, entre le gris des colonnes et l’ocre clair des enduits. C’est aussi un cloître typiquement Renaissance par sa conception, car l’architecture est au service de l’idée. Ne ressentez-vous pas ce caractère solennel et pieux de ce lieu ? Il est le reflet de la rigueur et de la pureté de la Règle des Dominicains. Le cloître est un lieu où déambulent les moines pour lire et prier ; c’est ainsi un édifice tout au service d’une vie monastique faite de plénitude et de spiritualité. Néanmoins, l’architecte Michelozzo n’a pas souhaité réaliser un bâtiment austère, et, la douceur que vous ressentez est toute en harmonie avec le personnage que fut saint Antonin, le premier prieur du couvent Saint Marc et celui qui donna son nom au cloître. Cet homme qui devient l’archevêque de Florence à la mi-15ème siècle aura été très apprécié par les Médicis, et cela, bien qu’il s’opposait à leur pouvoir oligarchique. Et ce respect influença beaucoup l’architecte qui s’inspira pour son œuvre du caractère de ce dominicain, c’est à-dire celui d’un homme prêchant sans relâche la charité, l’humilité et l’amour du prochain. Ceci explique aussi pourquoi les fresques du couvent furent réalisées, en grande partie, par Fra Angelico. Ce dernier est le seul peintre qui pouvait traduire à merveille les messages du prieur. De plus, saint Antonin ne pouvait que choisir cet artiste qui était aussi moine dominicain au sein du couvent. Et c’est ainsi que naît l’un des plus beaux miracles de la peinture. Alors, partons à sa découverte en pénétrant, dans un premier temps, le cloître et les salles attenantes, puis, dans un second temps, les cellules des moines à l’étage. La visite du cloître s’effectue dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Commençons par le musée du cloître. La porte d’entrée de ce musée se trouve au fond du corridor, situé à droite de l’entrée principale du couvent. Nous nous retrouvons à la porte d’entrée. Pour cela, vous allez entrer dans le musée qui abritait autrefois l’auberge des pèlerins. Son entrée est.
Photo "ANGELICO, Fra Annunciation, 1437-46 (2236990916)" by carulmare under CC BY 2.0