Parias parmi les parias, les Cagots furent présents dès le Moyen-Âge dans toute l’Europe, mais tout particulièrement dans les Pyrénées. Leur origine est encore très mystérieuse. Plusieurs thèses ont été avancées, allant de descendants de Wisigoths battus par les Francs, aux Sarrazins, Cathares, Juifs, gitans, lépreux… Le nom même de Cagot est énigmatique : il pourrait venir de « Can Goth » (chiens de Goths), mais on retrouve aussi les termes de « Gézitains », « Chrestias », « Gahets », « Agots »… Il est probable que les premiers Cagots étaient des descendants d’un peuple vaincu par les armes et qui, fugitifs, se seraient cachés là où personne n’irait les chercher : auprès des communautés de lépreux. La terreur de la lèpre fut sans doute à l’origine de leur discrimination.
Race maudite pour la vie, leur condition était mentionnée dès la naissance dans l’acte de baptême. Victimes de préjugés et d’une discrimination totalement arbitraire, un nombre considérable d’interdictions, dictées par la superstition, pesaient sur eux. Ils n’étaient acceptés que s’ils gardaient leurs distances : ségrégation dans le mariage, dans l’habitat, dans la sépulture…
Les métiers touchant à la terre, au feu et à l’eau leur étaient interdits, ainsi que l’alimentaire. Ils étaient par contre autorisés à toucher le bois, aussi étaient-ils très souvent charpentiers, menuisiers, bûcherons ou tonneliers (mais pas charbonniers à cause du feu). Ils étaient tenus de porter un signe distinctif, une patte d’oie, coupée dans du drap rouge. Les Cagots ne pouvaient pénétrer dans l’église par le portail central, mais devaient emprunter la petite porte de côté, et étaient relégués au fond de l’église, et des bénitiers spéciaux leur étaient attribués, ainsi qu’une corbeille spéciale de pain béni. Ils luttèrent longtemps pour leur intégration. La Révolution Française leur permit de devenir des citoyens à part entière. Mais il fallut attendre la fin du XIXème siècle pour les voir se fondre au reste de la population. Beaucoup d’entre nous sommes leurs descendants !