Nous vous proposons de découvrir à présent la statue colossale d’un dieu qui a bien sa place dans ce musée : Apollon, le dieu des arts. Quand vous êtes face à la statue d’Alexandre, vous voyez une porte ouverte dans le mur situé derrière elle. Prenez cette porte, traversez la salle suivante emplie de bustes d’empereurs romains. Nous vous retrouvons dans la salle en rotonde numéro 12. Quand vous avez la porte derrière vous, allez tout simplement tout droit et arrêtez-vous devant l’immense statue d’Apollon tenant une lyre. C’est une œuvre impressionnante. Les conservateurs du musée ont eu l’excellente idée de placer la statue dans une niche devant un fond d’or pour la mettre en valeur. Décrivons-la. Tout d’abord, vous devez être surpris d’entendre qu’il s’agit d’Apollon, car au premier abord, nous croyons voir une femme. Tout est féminin dans cette représentation. Regardez d’abord son vêtement. Le Dieu porte une longue robe aux plissés très compliqués qui lui recouvre l’intégralité du corps. Normalement, seules les femmes sont vêtues dans la statuaire antique et les hommes sont montrés dans la nudité héroïque comme nous avons déjà eu l’occasion de le constater. Le corps souligné par le drapé nous étonne également. Voyez le buste. Il n’a rien de masculin, mais au contraire nous distinguons très clairement une poitrine assez volumineuse. Les hanches sont aussi très voluptueuses, ce qui est absolument à l’antithèse de l’anatomie masculine. Pour finir, voyez les cheveux bouclés : ils sont longs et tombent avec beaucoup de raffinement sur les épaules. Pourtant, il s’agit bien du Dieu Apollon comme le prouve l’immense lyre que nous voyons à sa droite. Alors pourquoi ce physique androgyne ? Le Dieu est ici assimilé aux muses, ces compagnes d’Apollon qui incarnent les diverses disciplines artistiques comme la poésie, la musique, etc. En résumé Apollon matérialise toutes les disciplines de l’esprit en une seule personne. Un détail est particulièrement mis en valeur : la lyre que le Dieu nous présente de façon presque ostentatoire. Pourquoi cette lyre ? Et bien justement pour lever les doutes, car elle est son attribut indispensable. Et maintenant, parlons des matériaux employés. Nous pourrions penser qu’il s’agit d’une œuvre entièrement conçue en marbre. Ce qui n’est pas tout à fait le cas. Regardez les yeux d’Apollon. Remarquez-vous qu’ils sont cernés de noir et creusés profondément ? A l’origine, les pupilles étaient rendues par des pierres polychromes incrustées. Le trait noir entourant les yeux est réalisé à base de bronze. Nous pouvons constater que le creux des yeux est verdi par les coulures du métal. De même, les bras ont disparu. Regardez bien au niveau de l’aisselle. Vous voyez ?? Nous voyons un trou rectangulaire comme pour marquer l’emplacement d’un raccord. Car en fait, en effet, pour être bien mis en valeur, les bras étaient réalisés dans un autre matériau que le marbre. Certainement du bronze ou même un métal précieux comme l’argent. Et cette fois, avons-nous affaire à une statue grecque ou romaine ? Et bien, cet Apollon fut découvert lors des fouilles d’une villa romaine située dans les montagnes d’Albane. Il s’agit donc d’une copie libre exécutée par les Romains dans le style de la statuaire grecque du 4e siècle avant Jésus-Christ. Et enfin, on l’appelle Apollon Barberini car Barberini est le nom de la famille de collectionneurs italiens qui la vendit au roi Louis de Bavière au 19e siècle.
Photo Apollo Barberini Glyptothek Munich 211 by Bibi Saint-Pol under Public domain