La statue de Vercingétorix

Nous voici devant la statue de Vercingétorix, oeuvre du sculpteur Aimé Millet, né à Paris en 1819 et mort dans cette même ville à 72 ans. Cette oeuvre monumentale haute de 6,60 m, en tôle de cuivre battue et repoussée, a été réalisée par la Maison Monduit et Béchet. Elle représente le chef arverne, porté à la tête de la coalition des peuples gaulois en lutte contre Rome. Après cinq années de fouilles, Napoléon III, convaincu d'avoir trouvé le site du siège d'Alésia, a souhaité marquer la victoire de la science et commémorer le premier héros de l'histoire de France en lui érigeant une statue colossale. Il s'agit d'une commande personnelle de l'empereur, passée dès 1862 à Millet. La statue a été érigée le 27 août 1865 sur un socle de 7 m de haut, en granit de Saulieu et pierre de Pouillenay, réalisé sur les dessins de l'architecte Viollet-le-Duc. Selon le souhait de l'empereur, Vercingétorix apparaît debout, tête nue, appuyé sur son épée, son casque renversé à ses pieds. Il a le regard tourné vers le champ de bataille et tout dans sa physionomie exprime la résignation qui suit la défaite. Cette représentation est conforme à l'image que l'on se fait des Gaulois sous le Second Empire à un détail près : son visage reprend les traits de Napoléon III. On ne sait pas s'il s'agit d'une demande de l'intéressé ou de la volonté de l'artiste de faire plaisir au commanditaire. A l'époque, l'oeuvre a été très controversée : la critique a jugé sévèrement que le premier héros de l'histoire de France apparaisse dans l'attitude de la défaite. L'archéologie moderne contredit cette image de Vercingétorix. Il faut imaginer le jeune chef sans moustaches, avec des cheveux courts. L'armement ne correspond pas à celui d'un guerrier gaulois du Ier siècle avant J.-C. La cuirasse à bossettes, le casque à crête, l'épée et le poignard remontent à l'âge du Bronze, huit siècles plus tôt. Le collier et les bracelets ne sont pas non plus gaulois. Vercingétorix devait porter une cotte de mailles, invention celtique. Quant aux bandes molletières, elles datent du début du Moyen âge, de l'époque mérovingienne. Les Gaulois portaient des braies gauloises, qui étaient des pantalons flottants. Avant d'amorcer la descente, regardez la levée de terre en arc de cercle surmontée d'une croix en fer forgé qui barre l'extrémité du plateau. Elle dissimule un rempart gaulois -en latin murus gallicus. Il renforçait la pointe ouest qui constituait la citadelle de l'oppidum. C'est en ce point stratégique qui offrait une vue sur la plaine et les collines voisines que Vercingétorix avait établi son quartier général. Côte-d'Or Tourisme © André Beuchot