Et maintenant, nous allons nous acheminer doucement vers la fin de notre promenade, pour découvrir une étrange tour japonaise et une curieuse maison chinoise, véritables météorites dans cet univers bruxellois. Pour cela, regardons à nouveau vers le palais royal, et traversons la rue en direction de ses grilles. Maintenant, prenons à gauche l’avenue du parc sur environ 500m. Et sur notre chemin, sur la droite, nous pourrons peut être entr’apercevoir les immenses serres royales. Ce gigantesque dédale d’acier et de verre, une merveille, est du à l’architecte Alphonse Balat dont nous avons vu la tombe très simple. Il était le maître de Horta. Sachez que ces trésors botaniques sont ouverts au public une 10aine de jours par an, en mai généralement. C’est une tradition voulue déjà par Léopold 2. Voilà. Maintenant, nous allons vous laisser continuer votre marche le long des grilles du parc jusqu’à ce que l’avenue se divise en un réseau de larges avenues. Et bien nous voilà face à un réseau routier assez complexe. D’où nous venons, nous avons face à nous l’amorce de l’ancienne autoroute d’Anvers. Mais nous allons suivre notre chemin en tournant vers la droite, contournant ainsi la propriété royale. Nous apercevons alors à notre gauche une grande fontaine de marbre blanc. Cette fontaine est la copie d’une célèbre fontaine italienne de la Renaissance, la Fontaine de Neptune, de l’artiste Jean de Bologne. Cette copie date de 1903, et fut réalisée à Rome même. Ses marbres blancs et roses souffrent cependant des froids hivers de Belgique. C’est pourquoi, en hiver, la fontaine est entièrement couverte. Nous verrons dans un instant la raison d’un tel monument ici. En attendant, continuons encore quelques mètres sur le même chemin. Tout d’un coup, de l’autre côté de la rue, derrière une haute haie, apparaîtra alors une maison chinoise ! Une vraie. Nous traverserons alors pour pénétrer dans son jardin public. Comme si cette splendide maison chinoise n’était pas assez surréaliste, voilà que du jardin, nous voyons aussi une immense tour japonaise, pagode rouge dressée dans la verdure des arbres ! Encore une lubie de Léopold 2. En 1900, Léopold 2 a visité l’exposition universelle de Paris. Là, il avait été fasciné par un grand panorama du tour du monde. Ce pavillon au décor surchargé reprenait tous les styles orientaux et autres : le porche et une tour étaient japonais, il y avait aussi une tour indienne, un minaret arabe et une tour portugaise. L’édifice était financé par la Compagnie des Messageries maritimes, spécialisée dans les voyages France-Orient. A l’intérieur, les sites caractéristiques des grandes étapes des paquebots étaient reconstitués, avec des indigènes amenés pour l’occasion, afin de les rendre plus vivants. On pouvait y visiter le port de Constantinople, celui de Shangaï ou de Port Saïd. Un diaporama évoquait aussi le paysage défilant lors d’une croisière entre Marseille et La Ciotat. Bref, l’émerveillement ! Visiteur assidu et fasciné de ce pavillon, Léopold 2 demanda à rencontrer son architecte, Alexandre Marcel. Pourquoi ? Et bien, d’après les souvenirs de la princesse Stéphanie, sa fille, Léopold 2 avait l’intention de réaliser ici, sur cette avenue, toute une série de monuments, qui auraient constitué un vaste panorama du monde. Son idée était d’éveiller ainsi l’intérêt des belges pour le monde, leur donner envie d’investir, d’entreprendre. Mais ce projet sera arrêté à sa mort, en 1909. Avec la fontaine de Jean de Bologne, seules la tour japonaise et la maison chinoise auront pu être construites. Dommage pour nous ! Mais il est assez significatif que Léopold ait commencé par l’Extrême Orient, car il aurait vraiment souhaité que les belges se rendent là-bas.
Photo La tour japonaise J3 by Jamain under CC BY-SA 3.0