L’inauguration du Caux-Palace a lieu au début du mois de juillet 1902. À cette époque, il est considéré comme l’un des hôtels les plus luxueux jamais construits à la montagne.
L’architecte mandaté pour réaliser les plans du Caux-Palace est le vaudois Eugène Jost (1865-1937), spécialiste de l’architecture hôtelière à la Belle Époque. Avec ses 7 niveaux de chambres et le modernisme que recèle l’ensemble de ses infrastructures (ascenseur, lumière électrique, chauffage central, système de drainage et d’alimentation en eau), le Caux-Palace représente un véritable chef-d’œuvre d’ingéniosité.
L’architecture particulière du Caux-Palace permet de répartir l’ensemble des pièces de l’hôtel sur trois ailes différentes. L’aile ouest comprend les appartements réservés aux clients (chambres, salons, salles à manger, toilettes et salles de bain). L’aile située au nord recèle les locaux attribués aux domestiques, le centre d’hydrothérapie ainsi que la lingerie et la buanderie. Quant à l’aile est, elle sert à regrouper les espaces communs de réception (salle des fêtes, salle à manger, vestibule, promenoir…). Ce plan permet de séparer de manière distincte les fonctions privées et publiques de l’hôtel.
Jusqu’en 1914, l’hôtel connaît ses heures de gloire et les touristes y séjournent des mois entiers. Durant l’entre-deux-guerres, l’exploitation du Caux-Palace devient plus difficile. L’argent fait défaut et l’établissement ne répond plus aux exigences d’un hôtel de premier rang. Malgré d’importants travaux réalisés en 1929, le palace n’arrive plus à regagner l’attrait du public. Il devient Hôtel Esplanade en 1937 et sera racheté par le Réarmement moral (aujourd’hui Initiatives et Changement) après la guerre.
Le belvédère du Caux-Palace
Les travaux de construction du Caux-Palace débutent en avril 1900 et vont durer 26 mois. Jusqu’à 360 ouvriers, pour la majeure partie d’origine italienne, se retrouvent sur le chantier et œuvrent à la réalisation de cet imposant bâtiment hôtelier. La première étape consistait à édifier un grand mur de soutènement sur le flanc de la montagne, aussi appelé belvédère, boulevard ou promenoir, afin de former une esplanade pour faire reposer les fondations de l’hôtel. Cet ouvrage, caractérisé par une série d’arcades, atteint une longueur de plus d’un kilomètre. À un endroit, un pont en béton armé – technique novatrice au début du XXe siècle – y est construit pour donner libre cours au passage du train à crémaillère de la ligne du Glion–Naye.
L’entrée du Caux-Palace et les magasins
L’entrée principale du Caux-Palace ainsi que les magasins de l’hôtel se situaient dans le prolongement de la route qu’empruntait l’ensemble de la clientèle depuis la gare. On y trouvait une bijouterie, un coiffeur, une papèterie, un fleuriste, un cordonnier, un tailleur, un photographe ainsi qu’un magasin de tabac, de broderie et de cartes postales. Le luxe était autant présent à 1100 mètres d’altitude que dans les grandes rues marchandes de Montreux.
Discrimination
Lorsque le Caux-Palace s’ouvrit, en 1902, les élégants et fortunés clients de l’établissement jouissaient de privilèges aujourd’hui difficiles à comprendre. Par exemple, il était interdit aux autochtones d’utiliser le trottoir devant l’hôtel. Au Buffet de la Gare, les Cauchois ne pouvaient entrer que dans les cuisines, étant interdits de restaurant pour laisser la place aux hôtes du majestueux palace.
Sources :
Archives de Montreux : Lieux de délices- Le Caux-Palace à la Belle Époque. Journées Européennes du Patrimoine 2008. Par Jacky Brandt, Christian Gerber, Julie Lapointe Guigoz, Eric Jaeger, David Lüthi, Élisabeth Lüthi-Graf, Nicole Meystre-Schaeren.