Nous voilà dans la commune de Nonant-le-Pin, dans le département de l’Orne, à 22 km à l’Est de la sous-préfecture « Argentan » et à 35 km au Nord de la préfecture « Alençon ». Cette terre agricole, propice à l’élevage équin se trouve à une dizaine de kilomètres du haras national du Pin. Pourquoi se trouver là, en pleine campagne ? Afin de répondre à cette question, nous allons remonter le temps.
Nous sommes en juin 1940, après l’armistice signé par la France. Le 27 septembre, le maréchal Pétain débute une collaboration avec l’occupant en instaurant une première ordonnance sur le statut juif. Par le «paragraphe 1, sont reconnus comme juifs ceux qui appartiennent ou appartenaient à la religion juive, ou qui ont plus de deux grands-parents juifs. Sont considérés comme juifs les grands-parents qui appartiennent ou appartenaient à la religion juive ». Par le « paragraphe 3, toute personne juive devra se présenter jusqu’au 20 octobre 1940 auprès du sous-préfet de son arrondissement pour se faire inscrire sur un registre spécial. La déclaration du chef de famille sera valable pour toute la famille. »
Sur ce registre aucun Nonantais n’y est mentionné. Cependant, sur d’autres documents, un certain « Jacques Steinhart » habite dans cette commune, Place du Marché. Pourquoi son identité n’y apparaît pas ? A-t-il refusé de se soumettre ? Pensait-il que cette ordonnance ne le concernait pas car il était Français ? Peu importe, car très vite l’administration française va le traquer et le retrouver car il est « juif ».