Sinon, sortons maintenant de la cour et jetons un coup d’œil à l’hôtel qui est juste en face du musée Calvet. En face, au n°58, cette façade un peu noire, qui donne directement sur la rue, est celle de l’hôtel des Taillades. C’est un beau bâtiment du tout début du 18e, avec un grand balcon au dessus du portail central et des trophées en bas relief au 1er étage (pas vu les trophées). Reprenons maintenant notre chemin rue Joseph Vernet, en continuant sur la droite quand nous sortons de la cour du Musée Calvet. Puis prenons la 1ere rue à droite, qui sera la petite rue «du Portail Bienson». Arrivés sur la rue du Portail Bienson, allez jusqu’au n°2 Vous voyez encore une belle cartouche 18e sculpté sur un portail d’hôtel particulier. Les médaillons ovales portaient ici encore des blasons de familles nobles, mais ils ont méticuleusement été effacés pendant la période révolutionnaire. Tournons tout de suite à gauche, dans la rue Félix Gras. Un peu plus loin à gauche, après le n°7, nous voyons sur une série de contreforts d’allure médiévale: c’est un vestige d’une livrée cardinalice. Avançons jusqu’à la porte gothique que nous verrons entre 2 des contreforts. Voilà, avec les contreforts et les fenêtres, c’est le morceau le mieux conservé de l’ancienne livrée du cardinal de La Jugie. Ce bâtiment, doté de grandes fenêtres, et pas du tout crénelé, était la chapelle du cardinal. Cette chapelle était, comme de juste, voûtée, et c’est pour cela qu’il y a des contreforts pour consolider les murs. Le reste de la livrée a disparu, remplacé un beau jour par un couvent, le couvent de Sainte Praxède, qui a gardé la chapelle pour son usage, jusqu’à la Révolution. Remarquez, pour finir, les 2 cartouches rectangulaires au dessus du portail: ils portent des blasons à demi effacés. Allons maintenant jusqu’au Plan de Lunel. Pour cela, il faut revenir sur nos pas puis, à gauche, prendre la rue Petite Calade Nous voici sur le Plan de Lunel, une petite place charmante qui s’est formée à partir d’un espace vide entre 2 livrées. L’hôtel du n°1, l’hôtel de Laurens, occupé par un antiquaire, est en fait une construction du 15e siècle «modernisée» au 17e. Sur sa façade de gauche, on peut d’ailleurs encore voir des traces des fenêtres médiévales murées. Continuons maintenant à gauche du Plan de Lunel, jusqu’à la rue Viala, dont le 1er tronçon est en fait la place de la Préfecture. Voici, après la rue du Roi René, une autre des rares places d’Avignon bordées de 2 ou 3 hôtels particuliers. En l’occurrence 2, placés en vis-à-vis: l’hôtel de la Préfecture, et celui du Conseil Général. La préfecture, à gauche est installée dans l’hôtel Forbin de Sainte Croix, un hôtel 18e. C’est, au demeurant, un bâtiment assez simple, dont les plus beaux éléments sont la ferronnerie des balcons, et les portes sculptées. L’architecture y est discrète : regardez autour de la fenêtre centrale : on y voit des pilastres et un fronton arrondi : c’est à peu près tout. Regardez les fenêtres du 1er étage : vous remarquez les mascarons grimaçants. Leur style est un peu naïf, non ? et c’est justement ce qui fait leur charme. Regardons maintenant l’hôtel du Conseil Général : l’hôtel Desmarest de Montdevergues. C’est encore une demeure du 18e siècle, mais ici, il n’y a pas seulement des pilastres et une belle ferronnerie, mais en somme, l’architecte a sorti « le grand jeu ». Regardez : au rez-de-chaussée, il y a un jeu de colonnes, et au 1er étage, un grand fronton triangulaire, plus imposant que celui d’en face. Au premier étage toujours, on voit des frontons sur chacune des fenêtres. Pour une fois, le conseil général paraît mieux logé que le préfet. Un mot encore au sujet de cette place : elle a été créée dès la fin du 15e siècle par le cardinal Giuliano Della Rovere, le futur pape Jules 2.
Photo Avignon - Couvent de Sainte-Praxède 2 by Marianne Casamance under CC BY-SA 3.0