Rue Garibaldi : Lieu de création de la Confrérie des Pénitents Noirs
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Nous voici désormais sur la rue Garibaldi, au lieu de création de la Confrérie des Pénitents Noirs au XVIe siècle.

Rapportée par plusieurs historiens et par des archives du XVIIIe siècle, la création des Pénitents noirs est attestée par les délibérations municipales de Toulon, à la date du 4 avril 1564. Le contexte n’est pas anodin : deux ans après le début des guerres de Religion en France, un an après la clôture du concile de Trente, nous sommes dans un climat d’hostilité ouvert avec les protestants. L’évènement se passe également quelques mois avant l’édit de Roussillon (9 août 1564), qui fixe le début de l’année civile au 1er janvier et avant le passage du jeune roi Charles IX à Toulon (28 octobre au 4 novembre), qui effectue un voyage de deux ans dans toute la France.

Ce jour-là, mardi de Pâques, un groupe de notables toulonnais « dévots de la Sainte Croix » se constitue en confrérie et obtient de la municipalité l’autorisation de bâtir une casette (petit local) près de la chapelle Sainte Croix, contre le mur du cimetière Saint-Lazare (qui s’étendait jusqu’à l’actuelle place Armand-Vallée, devant la porte d’Italie), alors hors de l’enceinte de la ville, pour prier pour les morts. Le 6 avril 1564, par acte passé devant le notaire Pavès, le chapitre des chanoines de la cathédrale cède la chapelle à la confrérie qui s’engage à l’entretenir et à la décorer : c’est la naissance officielle des Pénitents noirs de Toulon.

 

On sait peu de choses sur la vie de la confrérie entre 1564 et 1764. Les rares documents soulignent que les recteurs de la confrérie se sont toujours bien occupés de la chapelle, que « les offices divins y ont été dits régulièrement et les louanges du Seigneur chantées avec la plus grande ferveur » pendant plus de 200 ans.

Les Pénitents noirs semblent avoir le sens de l’hospitalité : entre 1609 et 1622, ils accueillent les Minimes, qui desservent la chapelle jusqu’à la construction de leur propre couvent, puis, de 1707 à 1713, ils hébergent les Pères de la Merci, dont le couvent est détruit lors du siège de Toulon. Pendant les terribles moments du siège de 1707, les Pénitents noirs font d’ailleurs partie des équipes de volontaires qui sillonnent la ville nuit et jour pour évacuer les morts et les blessés.

Les changements urbains n’affectent pas leur vocation. Les remparts médiévaux de Toulon sont détruits en 1593, la ville intègre le faubourg et le cimetière Saint-Lazare est déplacé vers la périphérie en 1653, mais la chapelle et la casette restent intactes et les confrères continuent de prier pour les morts.

Vendue en 1781, suite à la dissolution de la confrérie (voir rue Vincent Courdouan) la chapelle des Pénitents noirs a été occupé par plusieurs professionnels qui ont valorisé son grand volume : elle est d'abord achetée par François Barralier, marchand de draps de Carcassonne ; fin XIXe siècle, c'est le dépôt d'omnibus de la ville : en 1963, elle devient la boutique Bertela (comme sa façade en témoignent encore) ; aujourd'hui c'est un bar nord-africain.

La rue Sainte-Croix où était située la chapelle, aussi appelée rue des Pénitents-Noirs, s'appelle rue Garibaldi depuis 1883 : elle était au XIXe siècle au cœur du quartier italien de Toulon. Les aménagements ayant rendu le lieu méconnaissable, il ne reste aujourd'hui que très peu d'éléments hérités des Pénitents noirs. Le Musée d'Histoire de Toulon et de sa région (que nous verrons plus tard) conserve les impressionnantes serrures de la chapelle et de la sacristie, sans qu'on connaisse le chemin par lequel elles sont arrivées là.

 

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