Parc de Bruxelles, 1000 Bruxelles
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En 1854 le Prince Anatole Demidoff a offert ce buste comme cadeau à la Ville de Bruxelles pour commémorer l'événement qui a eu lieu le 16 avril 1717 quand le tsar Pierre le Grand en visite à Bruxelles et a vomi après avoir trop bu 137 ans plus tôt.
Par ce présent, une oeuvre attribuée au sculpteur allemand Christian Daniel Rauch, il
souhaitait rendre hommage au souverain qui avait anobli son ancêtre Nikita Demidoff, le fournisseur d'armements de la Cour. On ne sait pour quelle raison le buste a été déplacé dans le bas-fond
peu visible du grand public.
Jacques Dubreucq, l'auteur d'un fabuleux Bruxelles 1000, une histoire capitale n'est pas loin de penser qu'il s'agit d'un bobard. La présence en un lieu obscur de ce buste aux motivations peu reluisantes a peut-être une cause insolite. L'incident se serait donc produit un beau jour du mois d'avril 1717 : il aurait fourni l'occasion à quelque Loge bruxellois du 19e siècle d'exalter sous l'auguste portrait l'année de la fondation officielle de la Franc-Maçonnerie à Londres, à savoir 1717 ! Simple supposition. Remarquons d'ailleurs que le socle du buste ne mentionne que l'année 1717 et non la date précise de la visite du Tsar en ce lieu. Ce chronogramme se trouve aussi dans… la cour pavée de l'Hôtel de Ville de Bruxelles!
Dans ce curieux contexte, la « Pierre » se trouve ici virtuellement « cachée », conformément à la formule V.I.T.R.I.O.L. qu'on voit dans le bas-fond à proximité. L'allusion alchimique est possible : le prénom « Pierre » fait penser par homonymie à la « Pierre » philosophale, à l’Élixir de longue vie. Les paroles de l'évangile ne recourent-elles pas à ce jeu de mots : « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. » (Matthieu, 16:18) Et notre « Pierre » le Grand, à l'image du Christ, n'a-t-il pas changé, transsubstantié l'eau en vin (Saint-Hilaire y fait brièvement allusion). Sur un plan maçonnique, cet épisode pourrait évoquer la coupe des libations ou le calice d'amertume proposé au néophyte et qui représente les difficultés de la voie initiatique. Observons que tous ces « déplacements » dans le bas-fond se passent dans la seconde moitié du 19ème siècle.
Sur le socle est gravé:
ÉRIGÉ
EN L’HONNEUR
DU CZAR
PIERRE
LE
GRAND
ET EN MEMOIRE
DE SON SEJOUR
A BRUXELLES
EN 1717.
Pierre le Grand kidnappé et pris en otage.
En 1994, coup de théâtre, le buste est kidnappé et retenu en otage durant un an par un noble russe résidant dans la capitale. Il avait tout simplement été scandalisé par la manière dont les Bruxellois traitaient le "Père de la Russie moderne" et il voulait leur donner une leçon de savoir-vivre. En échange de la restitution, il a exigé que le buste retrouve un emplacement digne du rôle historique du personnage. Pierre le Grand est bien revenu au Parc Royal et, de surcroît, replacé sur son socle à l'envers. Bruxelles n'a donc pas compris la leçon.
Le lieu précis du crime se trouve à quelques mètres d'ici où se trouve une toute petite source encadré de pierre bleu qui narre en latin de cuisine sur la margelle: "(...) INSIDENS MARCINI HUIUS FONTIS AQUA MILLIUS NOBILITAVIT LIBRATO VINO (...)", soit s'asseyant sur le bord de cette fontaine, il en anoblit l'eau du vin des libations.
Source:
*https://www.brusselsremembers.com/memorials/peter-the-great-in-parc-de-bruxelles
*http://bruxelles-bruxellons.blogspot.com/2012/12/une-histoire-belgo-russe-la-mode.html
*"Le Quartier Royal - une forêt de symboles" par Joël Goffin, page 10.